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A toi, cher père, qui, après une journée entière de travail intellectuel,  était capable d’arroser ton jardin aux phares de voiture, je te rends hommage en publiant cette femme rouge que tu as dessinée il y a 5 ans.

Aujourd’hui, tu en es bien inapte, au creux de ton lit dans cette maison de transition, communément appelée ehpad, je t’offre ces 2 extraits que j’ai écrit dans mon roman « Violette et Alicia », qui sortira bientôt.

1er EXTRAIT :

Violette était très intimidée par son père, petite. Elle se sentait pourtant rassurée par son mutisme.  Paradoxalement, la réserve de son père laissait passer sa richesse intellectuelle. C’était comme si,  même s’il était pudique, même s’il ne lui partageait pas son érudition, elle ressentait  instinctivement la bibliothèque intérieure de son père. Cela lui procurait une sécurité prodigieuse.  Comme une gigantesque couverture protectrice de livres.

Sans pouvoir le comprendre, Violette manifestait son amour pour son père en acceptant qu’il ne  partage rien, ou si peu, de ses connaissances. Le profil extérieur de Violette masquait sa  profondeur, elle n’en voulait pas à cet homme de ne pas la deviner intéressée par le partage de son érudition. Curieusement, ces deux êtres se sont aimés et compris en chassé- croisé.  Violette a pris trop de place dans le couple pour ce père, car il était très amoureux de sa femme. Il  l’a aimée, sa fille, mais avec la réserve d’une rancune indéfinissable.

Violette a choisi ce père. Son âme a voulu cette configuration. Son âme a cherché cette  complication. Ce père, inaccessible, est une occasion rêvée et inconsciente de grandir, car comme  un miroir, cet homme va souffrir des mêmes blessures d’abandon qu’elle vient réparer.

2ème EXTRAIT :

Les créateurs, les artistes sont des êtres invivables au quotidien car  ils sont en prise directe avec leur vérité. Chaque minute est ressource,  chaque épisode de vie est matière à créer. Il leur faut faire la part des  choses alors qu’ils sont pris eux-mêmes dans ce filet de sensations,  comme une toile d’araignée, dont ils extraient la quintessence. Un  repas en famille, un jeu de société peuvent faire naître un sketch.

Une scène de la vie peut faire vivre une émotion intense et créer  une ambiance pour une scène de pièce de théâtre. La création a  besoin de la vie pour s’exprimer, de sortir du cadre pour jaillir.  Ensuite, elle subit une opération humaine pour être présentée dans  une structure. Une peinture, un repas, un habit, une pièce de théâtre,  un livre, un parfum, une chorégraphie, une chanson, une  symphonie…

Le créateur est traversé par la création, il est cueilli sans être  prévenu, il se mue dans les contraintes de la transformation qu’il  initie et qu’il subit aussi lui-même. Pour ainsi dire, il est pris dans la  toile d’araignée, s’imprègne et se laisse traverser par elle, puis  restitue ce vécu au monde et en garde une empreinte.

LOVE 

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